Nous avions décidé ce dimanche là d’aller jusqu’à Trévignon dont le manoir brave chaque jour les humeurs de l’océan, mais une fois sur place, l’envie nous prit d’aller voir Raguenes/Ragenez (l’île adjacente) d’où l’on aperçoit encore bien la silhouette de la bâtisse de Trevignon avec en arrière plan sur l’horizon les Glenan. Cependant si l’on s’aventure de l’autre côté, vers la plage dite de “Tahiti” en Nevez, le chemin côtier offre de surplomber une enfilade de plages à peine séparées d’effleurements rocheux. Les jours de vent, le spectacle des vagues sur les roches de l’Île Verte est assez fort pour ôter au promeneur le loisir de s’intéresser aux abords du chemin.
Cela vaut pourtant la peine, si vers la terre de jolies touffes aux grasses feuilles vert tendre éclairent ça et là l’herbe rase, c’est au détour d’une sinuosité occasionnée par l’itinéraire dévié afin de contourner une faiblesse de la dune, qu’un bosquet assez dense attire l’œil. Malgré des feuilles peu communes à l’espèce, mais peut être était-ce dû aux effets du vent, du sel et de l’automne, un fruit écrasé au bord du sentier signale une incongruité. C’est bien un pommier installé sur la dune. Sa silhouette façonnée par le vent n’est pas commune, mais un regard méticuleux repère vite dans les broussailles à son pied, de nombreuses jolies petites pommes jaunes à peine rayées de rouge.
Nous avions déjà repéré un poirier au bord de l’eau, au fond de l’anse de Penfoulig, en un lieu particulièrement bien protégé, mais ici nous sommes à quelques mètres de l’océan et la dune est exposée à ses caprices. Le bosquet est au bord immédiat du chemin et c’est probablement un promeneur qui a jeté là le trognon de la pomme qu’il croquait. Le pépin a eut grand-mérite, le sol est plus sableux que terreux et l’environnement n’est guère favorable entre tempêtes hivernales, sécheresse estivales et les passages quotidiens de nombreux promeneurs. Heureusement il s’est tapi dans un creux de dune. L’arbre n’est pas d’une grande vigueur, mais il résiste et son houppier témoigne de la direction des vents dominants. Notons qu’il a le bon goût d’offrir quelques mètres d’ombre aux passants.
Les passants d’ailleurs devraient s’y intéresser car ses petites pommes sont excellentes. Nous y avons évidemment croqué. La maturité était parfaite et cela a commencé par une peau craquante et un petit goût de sel sur un échantillon, avant de libérer une chair blanche et douce avec ce goût sucrée légèrement acidulée et ces jolis parfums propres aux fruits que l’on qualifie parfois de friandises. Il n’est évidemment pas question d’en tirer du jus ni d’imaginer en faire du cidre, mais en cueillir une en passant offre d’agrémenter une promenade dominicale.
Diamètre moyen : 6,2 cm, hauteur moyenne : 5 cm, poids moyen 85 gr.