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Marvailhat ha Tañva

Concours de cidre

Marvailhat & Tañva (dire des contes et déguster).

C’est une promesse relativement facile à honorer pour un conteur. Il suffit de se plonger dans sa propre histoire et de la raconter par bribes. Il importe toutefois de regarder ailleurs, vers les gourmandises de la littérature et de la “Planète Cidre”, pour ne pas s’endormir.

L’engagement au service des cidres en Cornouaille ne m’est plus une priorité. L’âge est là bien-sûr, mais il y a également la nécessité d’encourager les récentes installations (ou reprises) de cidreries a prendre les destinées du Cidref à leur compte. Il leur faudra de l’imagination et une bonne dose de ténacité, mais ils peuvent s’inspirer d’une incroyable histoire commencée en 1980.

Ce modeste Syndicat Agricole a réveillé le monde endormi du cidre. Il fut parmi les premiers à constater que l’agriculture productiviste n’était peut-être la meilleure idée. Il imagina donc de relancer la production de pommes qui fut autrefois importante en ces terroirs baignés d’océan. Rapidement l’évidence montra que ses pommes à croquer étaient peu concurrentielles. Il est difficile de lutter avec la “haute-tige”, contre le verger industriel. Alors ce fut la pomme à cidre. Bien des villages en avaient conservé la riche collection de fruits amers, doux-amers et doux. Mais pour valoriser des pommes à cidre, il faut d’abord que la boisson le soit.

Quelques uns se souvenaient du projet de 1936, avorté pour cause de conflit mondial, d’Appellation Origine Contrôlée pour le cidre de Fouesnant. Cinquante ans plus tard, le temps des querelles de clochers étant passé, il fut décidé d’e travailler d’être ensemble autour d’un projet d’AOC Cidre pour la “Cornouaille Historique”, celle du roi Grallon Meur. Il y eut alors un formidable travail conjoint avec les amis Normands du Pays d’Auge, car entre temps le monde du vin et des spiritueux s’était accaparé l’AOC. Il fut donc nécessaire de motiver les députés à changer la loi et a étendre cette reconnaissance d’origine et de qualité au cidres et apéritifs à base de cidre. Cela finit par arriver, en 1996. Entre temps l’industrie cidricole s’était vu autoriser en 1986, l’utilisation de jus concentrés, à hauteur de 50%, pour leurs cidres.

Le gain de l’AOC, en Cornouaille comme en Pays d’Auge (où ces cidres artisanaux sont à base de pur jus de pommes) se heurta donc d’emblée aux prix de vente modestes des leaders du marché. Si ces AOP n’ont pas été un grand succès commercial, ils ont suffisamment secoué le petit monde du cidre pour que le public s’y intéresse. Il sont devenus une vitrine qui a permis de redécouvrir l’extrême diversité de la boisson des campagne. Ils poursuivent aujourd’hui leur “carrière” en attirant chaque jour d’avantage, les cercles gourmets de la restauration.

Le Cidref s’était très tôt assuré les services d’une œnologue et ce fut sans doute la raison de sa capacité à hisser ses cidres à une qualité aujourd’hui reconnue. Restait un problème inhérent à la prise de mousse naturelle en bouteille. Cela engendre un léger dépôt. Même si c’est un gage d »authenticité, ce peut être dommageable sur les plus belles table. Après analyse il fut décidé de s’intéresser à la méthode “transfert” utilisée notamment par les vignerons de la Drome. Après bien des tâtonnements la méthode tint ses promesses. Les bouteilles finalisées selon cette technique (qui n’est pas généralisée) accepte sans ciller le poids des ans. Elle peuvent donc voyager sans risque et être toujours impeccables au service. Cette technique est depuis utilisée dans d’autres régions cidricoles.

La récente mode du cidre, portée par une industrie qui en a fait une alternative à la bière, a obligé les petits cidriers du Cidref à faire preuve d’imagination marketing. Ils avaient inauguré une première Route du Cidre au début des années 2000. Profitant de l’apathie relative due au Covid, ils ont travaillé a transformer cet outil commercial de proximité en “Destination Touristique Cidricole”. Le projet derrière ce slogan est de hisser les services liés à ce circuit à la hauteur des grandes destinations œnologiques.

Cette transition fut une bonne opportunité de laisser la place car la jeunesse est bien plus en prise avec son monde. Pour autant il est n’est pas agréable de disparaître. Le blog Macgleo s’est donc également tourné vers plus jeune que son auteur. Sous une allure rafraîche (le finaliser va me prendre un peu de temps), il va toujours éclairer des contes écrits ou dessinés, rapporter des impressions de dégustation de “vins de pommes” et raconter les pommes et leur pommier, l’arbre sacré des Bretons.

Kroaz Avaloù d’an 5 a viz Gouere 2023

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