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La dégustation du Sistrot du 12 septembre 2017

Rentrée des classes au Sistrot où nous reprenons nos habituelles dégustations du mardi. Il n’est cependant pas sûr que notre réunion mensuelle soit suffisante pour passer en revue les bouteilles qui nous arrivent d’un peu partout, en plus de celles que nous allons nous-même chercher. Comme il est hors de question d’écorner la convivialité de nos travaux, nous évitons de déboucher plus de 8 bouteilles à chaque séance et il nous faudra donc réfléchir à une solution. On ne peut pas dire que Dame Nature nous gâte en cette fin d’été pour le moins arrosée et nous étions assez content de nous retrouver bien au sec dans le confort de la petit salle du Sistrot, celle où les murs de pierres ont quelques siècles de secrets à conserver et qui doivent trouver nos histoires bien légères. Ronan Gire nous avait concocté un programme mêlant la Normandie, la Bretagne orientale et le Val d’Aoste.

Peu de tapage médiatique sur le Domaine Lesuffleur, installé à Folletière Abenon dans le Calvados, une relative discrétion qui n’empêche pas une belle réputation de la maison qui opère également dans le négoce de vins fins.

Nous avons en premier une bouteille de Folletière 2014. Belle présentation de la bouteille avec assez de sobriété et d’informations pour attirer l’œil. On regrettera cependant que diverses informations légales soient peu lisibles. Quoi qu’il en soit, ce cidre montre une belle couleur orangée, très légèrement voilée avec un bel effet de mousse au service. Le nez, expressif, respire la pomme très douce et sucrée. En bouche la douceur est là avec un peu d’acidité, du corps et une petite touche d’astringence. La finale est longue avec du fruit. C’est un petit peu sucré, mais bien fait et élégant.

Nous avons ensuite testé le Friardel 2015 qui se différencie, au dires de la contre-étiquette, par une proportion différente des types de pommes à cidre. La présentation est assez proche, l’orange est un peu plus soutenu et le voile peut-être plus présent. Le nez est doux, mais peu expressif avec des notes animales sous le fruit. En bouche, l’attaque est douce, voire molle, mais il y a de la rondeur, de l’amplitude avec toujours cette petite point d’astringence. La finale est un peu courte moyennement parfumée. C’est un beau produit qui présente bien, ne déçoit pas, mais manque un peu conviction.

Continuant en Normandie, en Seine Maritime, nous nous sommes intéressé au Domaine Duclos Fougeray installé à saint Michel d’Halescourt dans de vénérables bâtiments du XVIIIe siècle en posés en plein bocage.

La premier flacon proposé par Ronan était un Poiré 2011, le Plant de blanc. Une belle et sobre présentation de la bouteille sans précision technique, mais avec des indications claires et concises. Dans le verre, ce poiré est limpide et brillant, jaune paille, mais quelques légers “pompouch” (petits voltigeurs) vagabondent de-ci de-là, sans excès cependant (il semble que ce soit fréquent avec le poiré). Le nez est initialement presque absent et il faut attendre un peu pour sentir le fruit. En bouche il y a un très bel équilibre sucre-amertume-acidité rehaussé par un peu de fruit et une agréable pétillance. La finale est dans cette continuité. Au total c’est un poiré plaisant, fin et très agréable.

Du même Domaine, nous avions le Rouge Bruyère, un cidre toujours aussi bien présenté. Au service, il fait son effet avec une belle couleur orangée et limpide. Le nez met également quelques seconde avant de s’exprimer et donne alors du fruit, des pommes douces, en concurrence avec des fragrances lactées et peu être un peu herbacées. En bouche c’est doux sans autres expression à part le fruit bien présent. C’est un joli produit, mais nous l’avons trouvé un peu court. Sans attendre de l’exubérance, nous espérions un peu plus de richesse.

Retour en Bretagne orientale, au Domaine Johanna Cecillon, dont la réputation relativement récente, ne se dément pas. La maison est établie à Sévignac dans les Côtes d’Armor et s’appuie sur l’ancienne tradition cidricole locale.

Nous avons ici aussi commencé par un poiré, le Belenos 2016. La présentation de la bouteille est sobre et va à l’essentiel. Petite digression, le graphiste que je suis (même si le temps me manque pour cela) apprécie de trouver des motifs d’entrelacs irlandais sur les coins de l’étiquette. Au service, le Belenos est à son affaire, bel effet de mousse, couleur paille légèrement voilée avec encore quelques petits “pompouch”. Le nez, moyennement présent, est intéressant avec de la poire un peu chaude et du miel. En bouche c’est sec et même très sec et le fruit semble perdu au point qu’il ne reste que la seule acidité, de belle facture au demeurant, a régner en maître. Aux antipodes de nos douceurs cornouaillaises amertumées, c’est un produit de caractère, bien fait dans le genre, dont on peut toutefois regretter qu’il ne conserve pas mieux le fruit.

Toujours du Domaine Cecillon, nous sommes passé au Nérios 2016, un cidre du cru local. La présentation est dans la même veine. Au service la mousse est un peu mesurée et la couleur orange bien dans la tradition. Les premiers verres sont bien limpides, les derniers un peu moins. Au nez la pomme est assez masqué par des arômes évolués de sous bois et de champignons. La bouche est amère et sèche, un peu comme ces cidres fermiers des campagnes d’antan, un parti pris qui a ses amateurs et s’accorde bien à la cuisine roborative.

Pour finir la soirée, direction le Val d’Aoste. Nous avions déjà testé le cidre standard de la maison Maley *, mais ici nous avons les belles cuvées du producteur.

D’abord le Matterhorn (le nom en allemand du Cervin). La bouteille indique sans détour le positionnement de ce cidre. Au service c’est parfait, bel effet de mousse, limpidité sans défaut et robe paille claire, presque incolore. Au nez, il fait penser à certains vins blancs, mais avec de la pommes et de la poire. La bouche est parfaitement en place avec avec une acidité maitrisée et une belle présence. La finale est tout à l’avenant sans aucun excès. Notre petit groupe a également apprécié ce Matterhorn pour son homogénéité et sa capacité à hausser le cidre à ce niveau de qualité.

Pour terminer, le Jorasse (encore des sommets qui sont le quotidien de la maison Maley). La présentation est identique au précédent. À noter que ce cidre titre 8% vol, ce qui commence à compter. Au service c’est toujours parfait avec une belle robe paille assez claire et un joli mouvement de fines bulles. Le nez est très typé et fait cohabiter la fraîcheur acidulée de la pomme avec des notes d’agrumes. La bouche est fraîche avec une dualité acidité – amertume aux étonnantes notes agrumes. La fin de bouche continue en l’adoucissant cette sensation. Au final Le Jorasse interpelle car il joue de sa belle présentation pour proposer un caractère affirmé à l’image des vallées de sa montagne.

*http://www.macgleo.com/blog/2017/04/09/la-degustation-du-sistrot-davril-2017/Ce fut une belle dégustation de reprise avec des cidres de qualité. Nous verrons bien si l’un ou l’autre de ces nectars trouvera grâce au palais de Ronan Gire, car derrière ces dégustation il y a également le souhait de faire profiter le plus grand nombre de nos belles trouvailles. Comme je l’indiquais plus haut, il y aura probablement une nouvelle séance assez rapidement, si toutefois la période de récolte qui s’annonce laisse du temps à nos dégustateurs. Étaient présent à cette soirée, Claude Goenvec de Menez Brug, Brieug et Marine Saliou de Kermao, Paul Coic de la Cidrerie Coic, Gwenael Thomas des Cidres Le Brun, Valerie Simard du Cidref, Marie Wattebled de Breton Cellar et évidemment Ronan Gire.

Remerciement à tous ainsi qu’à Erwan Gire qui a veillé à préserver notre tranquillité.

Ken ar c’hentañ, Mark Gleonec

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