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Petite tournée au Herefordshire

Au retour du kazakhstan où avec Andrew Lea et Peter Mitchell, ils participaient au tournage d’un film sur les forêts primaires de pommiers près d’Almaty, Claude Jolicœur avait décidé de passer trois jours au Royaume-Uni afin de visiter quelques cidreries. Nous nous sommes retrouvé à Heathrow avant de filer au Herefordshire.

Ce coin là est une verte campagne où les pommiers et les poiriers sont partout, à peine masqués par les haies des talus. Il semble que depuis 1887, Bulmers le géant du cidre, y achète sa matière première, mais d’après ce que l’on a entendu, le grand cidrier, aujourd’hui propriété d’un brasseur Néerlandais, prendrait moins de fruits anglais et plus de concentrés chinois. Du coup la surproduction menace et les cours chutent alors même que le prix de la terre augmente.

Nous y avons vu de beaux vergers, qui ressemblent à ceux de la Cornouaille Armoricaine avec des variétés à cidre telles les Kingston-black, Dabinett, Yarlington-mill, Foxwhelp, Major, Harry-Masters-Jersey, etc. Les poires à poiré ne semble pas avoir le même problème et nous avons pu voir autant de vénérables arbres majestueux que de plantations nouvelles avec des variétés comme les Blakeney-red, Thorn, Judge-Amphlett, Moorcroft, Flakey-Bark, etc.

Nous avons passé une belle matinée avec Tom Oliver réputé produire les grands poirés de ce bas monde. Force est de reconnaitre que ce qu’il produit est vraiment exceptionnel. Nous avons principalement arpenté les vergers en sa compagnie et, au moment du Lunch, avons été rejoint par Susanna et James de Little Pomona venu avec leur nouveau (et bon) cidre Rainbow. 
Tom Oliver (à gauche) & Claude Jolicœur dans un verger d’Ocle Pychard 

                       

Nous avons évidemment un peu traîner et ce qui restait de l’après midi s’est déroulé au pas de charge. Un premier arrêt chez Haygrove pour voir Simon Day et ses Once Upon a Tree. Ce fut un peu visite de chantier. L’aménagement de la nouvelle usine se faisant avec la perspective d’une campagne à venir plus précoce que prévu. Le matériel de pressage est le même que celui de certains de nos ateliers cornouaillais, mais la cuverie est tout inox et le dégorgement est la règle. Nous avons seulement goûté aux cidres et poirés de glace, mais avons rapporté des bouteilles et une prochaine dégustation nous en dira plus sur les cidres traditionnels de la maison.

Après le béton et l’acier de Haygrove, nous sommes allé voir le site bucolique de Gregg’s Pitt où James Marsden élabore une petite (afin de s’arranger avec les lois du Royaume) et belle production à partir d’arbres magnifiques. Sa vieille presse à double vis, montre une très belle dalle et la petite cidrerie est parfaitement équipée. Nous avons été agréablement surpris de son cidre qui ne déparerait pas aux cotés de nos doux-amer cornouaillais.

La soirée nous a ramené à notre gîte qui jouxte à la fois le Yew Tree Inn, le pub local et la cidrerie de Ross on Wye. Ce fut donc assez long car les trois établissement travaillent ensemble et nous avons évidemment atterri à la cidrerie (enfin à son annexe de vente-dégustation) spécialisée dans les cidres mono-variétaux. Or ils produisent autant de cidres différents qu’ils disposent de variétés de pomme différentes. Ajoutez à cela que le maître des chais est un admirateur de Claude Jolicœur, autant avouer que la nuit était fort avancée quand nous avons regagné nos lits, traversant les vergers à la seule lueur de nos smartphones.

Au petit matin, direction le Pays de Galles, chez Troggi Seidr, également une petite production (pour aussi s’arranger avec la loi). La presse également y est extraordinaire, une des dernières évolutions des fameuses presses anglaises à deux vis, avec un système d’écrous complexe (un rêve de mécanicien). Producteur par passion Mike Penney, pratique le dégorgement et laisse du temps au temps avant de mettre en marché. Si nous avons échangé sur les vergers et les techniques cidricoles, nous avons également parlé entre Bretons de notre histoire et nous trouverons sans doute un moyen de remettre ça.

Nous étions attendu à Hereford, au Cider Museum, par Elisabeth Pimbett, la nouvelle directrice de l’établissement. Il est installé dans les bâtiments d’origine de la cidrerie Bulmers (mais le musée est totalement indépendant de l’entreprise installée aujourd’hui quelques miles plus loin). La dotation en matériels anciens (parfois très anciens) et traditionnels est importante et la visite donne une bonne idée de l’importance du cidre dans la région. La boutique du musée, offre un choix impressionnant de cidres et sa librairie spécialisée est assez bien achalandée pour que nos porte-monnaies en aient un peu souffert. Il est probable que le musée évolue bientôt avec une muséographie modernisée, mais tel qu’il est c’est c’est un lieu à visiter pour tout amateur de cidre. À titre personnel je regrette cependant l’absence d’informations sur la dégustation des cidres et peut-être une ouverture aux cidres du monde.La façade du Musée avec ses jolis pommiers en pot à l’entrée.

Les quelques jours prévus pour ce Cider trip ne permettaient pas d’en voir plus, mais nous avons rencontré des professionnels passionnés de leur produits et vu de beaux vergers qui montrent un “Pays du Cidre” pas si différent de la Cornouaille Armoricaine. Il nous reste cependant à imaginer une occasion pour aller au Sommerset goûter aux Burrow Hill et Cider brandy de Julian Temperley. Ce sera une autre fois.

Les lieux visités: www.oliversciderandperry.co.uk – www.littlepomona.com – www.haygrove-evolution.co.uk – www.greggs-pit.co.uk – www.rosscider.com – www.ukcider.co.uk/wiki/index.php/Troggi_Seidr – www.cidermuseum.co.uk

Sur le cidre anglais: www.cideruk.com – www.cider.org.uk (Andrew Lea) – www.cider-academy.co.uk (Peter Mitchell) – www.cjoliprsf.ca (Claude Jolicœur)

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