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Cornouaille (I)

GralTrisk

La danse des furies est venu par la mer abattre une à une ses courbes difformes sur les dents acérées des brises lames. Sur la digue de pierre, les vents gardent la mémoire des tourbillons de brume et chantent l’histoire d’Ahès, mèches blondes, regard de corail, visage blanc et rose comme le nacre des coquillages et quand elle marche on dirait qu’elle danse, comme la vague qui court sur les flots. Protégée des tempêtes par une puissante écluse, Keris grouillait jour et nuit de trafics et ripailles. Grallon en gardait l’entrée, Ahès y faisait rêver les marins qui venaient de partout commercer sur ses quais. On dit qu’un jour d’équinoxe un guerrier de l’orage, venu prendre fortune, s’empara des clés de la ville et laissa l’eau pénétrer la cité. On dit que le roi et son prieur s’échappèrent, abandonnant aux marées la princesse et le peuple du port. Les marins prétendent que les vagues s’agitent encore du tumulte des disparus et que les oiseaux en maraude s’abattent en carnage sur deux fantômes fuyant en silence dans le galop furieux de leurs chevaux d’écume. D’autres personnes disent que les jours de folies océanes la grève s’agite d’un frisson du large, entre la danse incroyable des oiseaux de Keris et la grâce impalpable du souvenir d’Ahès.

A Bestrée (Plogoff) le 31 décembre 2003 © Mark Gleonec

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