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À propos de la tradition du cidre en Bretagne

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Publié le 4 septembre 2012

En fait de tradition, il s’agit plutôt d’une aventure relativement moderne. Il faut garder à l’esprit que dans sa définition actuelle, c’est a dire un produit stabilisé que l’on peut commercialiser en garantissant a minima sa qualité, il n’apparait guère avant le XIVe siècle et la Bretagne ne l’a vraiment adopté qu’au XVIIe siècle. Il est donc est arrivé bien tard en nos contrées.

Même s’il y eut toujours, ici comme ailleurs, des boissons de pommes, les Bretons consommaient du vin et de la bière. Quand ils se sont mis à produire du cidre, ils ont rapidement fait d’une boisson pauvre et étrangère, un des joyaux de notre patrimoine gourmand

Tout cela est dans l’ordre des choses. Le cidre est élaboré à partir de la pomme. Or ce fruit est chargé de symboles depuis la nuit des temps. C’est le fruit de la science, de la magie et de la révélation chez les Celtes tandis que le pommier est l’arbre du lien avec l’autre monde.

Pomme se dit aval en breton. L’île d’Avalon ou île des pommiers est le lieu du séjour mythique où reposent les rois et héros blessés ou morts au combat. La légende rapporte que le roi Arthur s’y remet de ses blessures et qu’il en reviendra pour libérer les Bretons de l’Armorique à l’île de Bretagne.

L’excellence des cidres bretons ne doit donc rien au hasard. La charge symbolique de la pomme et du pommier nous interdisait de toute façon d’être médiocre. Nos cidriers ont donc travaillé à faire un produit reconnaissable entre tous, grâce à son amertume.

La maitrise de l’amer est primordiale. Elle permet des expériences gustatives passionnantes. C’est une saveur froide et rafraichissante qui valorise des autres saveurs en adoucissant les sensations de chaleur et les irritations agressives. Mais pour dompter l’amer, une éducation au goût est indispensable afin d’atteindre une maturité gustative affranchie des saveurs douces et sucrées, qui permet d’apprécier des registres de goûts complexes et d’apprécier des gammes aromatiques intenses.

Les amateurs de goûts, ceux qui ont su maîtriser la saveur amère accèdent alors à des plaisirs décuplés, inaccessibles à ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas dépasser leur première répulsion. Pour le goût, comme pour les arts, qui font appel aux sens, la complémentarité est nécessaire pour obtenir une harmonie.

La tradition du cidre en Bretagne est au croisement cet héritage celtique et de l’habitude bretonne de bien faire les choses. Pour autant c’est une boisson joyeuse qui colporte dans ses bulles toutes les facéties d’un monde paysan toujours prompt aux plaisirs de la vie.

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