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Tri a viz-even daou-vil-pevarzek

Impression

Degemer mad, bienvenue aux honnêtes voyageurs venus de l’est, car sauf a s’engager sur les flots, vous n’irez guère plus à l’ouest. Ici, en Cornouaille, la course des tribus s’est arrêtée souvent, dans la quiétude des landes et des bois, dans la rudesse alanguie des vagues et du sable.

Si l’on vient par la terre voyageant en quête d’occident, il faut suivre les chemins en retraits de la côte, remonter dans les terres par les rivières et les fleuves, passer les antiques ponts de pierre qui marquent les territoires oubliés des clans, et s’aventurer à découvert dans l’espace clair des paluds où la terre et la mer communient.

Et puis marcher, marcher le long des rives où les chênes centenaires s’abreuvent aux reflux, marcher sur les grèves où le mince filet de sable suffit à faire barrage à l’infini du glaz, marcher sur l’estran le temps d’une marée, avant de gravir la dune où les bosquets emmêlent l’ajonc, le genêt, le bouleau et le pin.

Marcher encore un peu et découvrir d’un coup, le mouvement du vent dans les reflets changeants des vasières où les ruisseaux se perdent en labyrinthes, où les oiseaux en maraude se disputent la ripaille. Ici les brumes des fonds de baies laissent en bruits étouffés s’éloigner les pinasses, accueillent en silence les voiles hauturières et font monter de la terre les clochers des églises et les toits des villages.

Si l’on vient par la mer, en retour de campagne lointaine, on sait qu’ici les havres du milieu de la mer offrent tous l’abri de plages enchâssées dans le gris des falaises basses et couronnées de masses verdoyantes. Les capitaines savent tous cependant qu’il faut aller jusqu’au fond de l’anse, doubler un vieux cap et embouquer une ria, invisible du large, avant de pouvoir mouiller en lieu sur, dans l’alignement incertain des canots à misaine.

Taol chañs ganeoc’h, vous êtes sur la cote cornouaillaise, au centre de l’occident maritime. Les saveurs du sud parfument les maisons, les vents d’ouest abreuvent les cultures, les musiques du nord réveillent les tavernes. Seul parfois, mais rarement, un écho barbare nous vient de l’est.

Skeudenn : « Pennker Gregoire » © Mark Gleonec 2104

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