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IGP – Indication Géographique Protégée

Entre garanties et questionnement

Une IGP est une réponse à la demande légitime de garantie d’origine et de traçabilité du consommateur et constitue de fait une protection des opérateurs de la zone concernée.

 Logo IGP

L’IGP cidre Bretagne garantit un cidre élaboré à partir de pommes à cidre cultivées en Bretagne et transformées dans la même région. En contrepartie cela nécessite une cotisation qui sert à financer le contrôle mais dont la conséquence est de défavoriser ceux qui sont les moins bien armés (petits producteurs et consommateurs) pour en absorber le coût.

L’autre inconvénient est que la puissance publique, qui agit derrière le système, affirme ainsi qu’elle ne reconnait pas l’honnêteté des citoyens que sont les producteurs, car c’est bien cela qui est contrôlé. Si la suspicion peut dans certaines régions être de mise, les récentes études sur le travail dissimulé (par exemple) dans l’hexagone mettent en évidence des disparités très importantes et confirment que la Bretagne, qui ne triche pas (ou très peu), est de ce fait bien plus imposée que d’autres régions.

Une IGP peut, bien-sûr, constituer une mise en avant des produits, mais à la condition que leur réputation, leur origine géographique et leurs caractéristiques soient connues à minima du consommateur. De même elle peut apporter un plus en valeur ajoutée du fait de la certification, de la caution et de la notoriété du logo Européen, mais à la condition également que ce logo soit accepté par le consommateur. Cela ne peut fonctionner que si la structure qui le garantit est au dessus de tout reproche. Or les récentes évolutions de nos sociétés, qui montrent ici des états en faillite et là des organisations financières, politiques ou règlementaires déficientes, conduisent à une méfiance du consommateur et une dégradation de cette garantie, que par ailleurs la multiplication des labels ne favorise guère.

La mise en place d’une IGP se traduit dans les faits par l’installation d’un Organisme de Défense et de Gestion (ODG) et la réorganisation de la filière concernée dont l’ODG devient l’interlocuteur principal. Il existe donc une législation ad-hoc donc chacun pourra prendre connaissance à : http://cidres-igp.com/cidresigp.pdf

L’IGP vient en complément de labels antérieurs comme l’Appellation Origine, le Label Rouge et d’autres, qui existent sur la base du volontariat et n’ont pas l’effet d’exclusion. On peut penser qu’à terme les coûts cumulés engendrés par ces labels pousseront les producteurs à faire des choix qui n’iront sans doute pas dans le sens de l’originalité. Cela peut inquiéter car s’agissant du cidre breton, l’IGP a été jusqu’à présent à géométrie variable et son aire géographique a tout pour faire débat.

 De la Bretagne de Nevenoe à celle des Duc (et de ses marches*).

S’il a toujours été établi que l’élaboration de cidre devait se faire en Bretagne (voir la définition ci-dessous), il n’y a pas si longtemps, l’IGP Bretagne s’est étendu par dérogation temporaire jusqu’aux portes du Mans. Certes Nevenoe (le plus grand roi de Bretagne continentale), est mort à Vendome, soit encore plus à l’est, mais cela commence à faire loin pour prétendre que ce sont bien des pommes à cidre bretonnes. En réalité cet épisode a permis de satisfaire les besoins de quelques producteurs qui manquaient cruellement de fruits cette année là.

Aujourd’hui les choses sont rentrées dans l’ordre, enfin presque. La définition IGP de la Bretagne comprend (selon la nomenclature française) :

Le Finistère

Les Cotes d’Armor

Le Morbihan

L’Ille et Vilaine

La Loire Atlantique et le Maine et Loire pour les cantons situés au nord de la Loire et à l’ouest des rivières Mayenne et Maine.

La Mayenne pour les cantons situés à l’est de la rivière Mayenne à l’exception des communes rattachées à l’aire de l’AOC Calvados.

Carte

Sur la carte cela donne une aire qui à l’est, correspond peu ou prou à la Bretagne de Nevenoe. Notons que si la Loire Atlantique est un pays breton où se dresse Nantes la capitale historique du pays, la Mayenne était autrefois appelée le Maine breton.

Les raisons de cette étendue de l’IGP** ne sont pas bien entendu de faire plaisir aux Bretons qui militent pour la réunification de leur pays. Il s’agit en réalité de permettre à quelques producteurs de disposer dun approvisionnement suffisant et d’assurer la continuité des débouchés a un certain nombre de producteurs de fruits a cidre de ces cantons.

Si pour les autorités nationales ces contorsions ne posent pas problème, force est de constater que la stricte vérité due au consommateur et le respect du souhait démocratique des habitants de la Loire Atlantique, majoritairement favorables à la réunification, sont quelque peu moquées.

44=BreizhHeureusement ces pommes sont plutôt de bonne qualité et à peu près les mêmes qu’en Bretagne. On est donc effectivement très loin du récent scandale des lasagnes à viande de cheval, il n’y a qu’un petit mensonge.

On trouvera le cahier des charges de l’IGP cidre Bretagne à l’adresse suivante : http://cidres-igp.com/Cahier-des-charges-IGP-Cidre-de-Bretagne.pdf

* Les marches de Bretagne étaient des zones tampons entre le Royaume de France et le Duché de Bretagne, à l’est de ce qu’il est convenu d’appeler la Bretagne historique.

** Le cas particulier de l’IGP Cidre Bretagne n’est pas isolé. Le consommateur peut cependant trouver sur le web des informations précises et les motivations qui peuvent ici ou là justifier des petits arrangements.

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